Le bonheur et la réussite ne semblent pas tout à fait synonymes : la réussite évoque plutôt une forme de plaisir, de satisfaction, peut-être éphémère, puisqu'un succès ne se suffisant pas toujours à lui-même, il en appelle fréquemment à un nouveau désir. En ce sens le bonheur ne semble pas réductible à la réussite, car chercher le bonheur signifierait chercher une forme d'accomplissement moins superficielle, plus complète, plus essentielle.
Toutefois, cette forme d'accomplissement ne pourrait-elle pas être trouvée dans la réussite entendue non pas comme un plaisir vain ou comme la conformité à des normes sociales, mais plutôt comme l'atteinte de nos objectifs par notre propre effort ? N'y a-t-il pas un bonheur profond, pour l'homme, dans le fait de parvenir à entreprendre ce qu'il a conçu, à réaliser concrètement ce qu'il a imaginé, bref, à agir pour transformer le monde en fonction de ce qu'il est et de ce qu'il veut ? Ajuster des moyens pour parvenir à ses fins étant le propre de l'action humaine, on peut alors se demander si le bonheur se trouve dans l'action ou au contraire si cette injonction à l'action n'est qu'un simple corollaire de l'injonction sociale au faire.
De même, n'y a-t-il pas un bonheur propre à ce rêve de réussite, qui nous tourne vers l'avenir, quelle que soit l'issue ? À moins que cette perpétuelle attente ne soit au contraire la source même de nos maux ? Pour être heureux, faut-il penser à demain ou à l'inverse vivre le présent sans se soucier de réussir ?
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